Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de ce qui fait partie selon moi des fondements d’un accompagnement « réussi ».
Bon on pourrait déjà s’attarder là-dessus et se demander ce que signifie « réussi » mais en quelques mots, je dirai que l’accompagnement me semble réussi pour l’enfant/ado quand il est venu avec l’envie de changer quelque chose et qu’au fil de l’accompagnement il a fait émerger de nouvelles solutions qui lui permettent d’agir d’une manière qui lui convient mieux. Gros raccourci dont on pourrait débattre longuement mais ce n’est pas le sujet ?
Entre le désir du praticien et celui du.des parent.s
Très souvent, on peut avoir envie en tant que praticien de trouver LE truc, LA métaphore qui permettra à l’enfant de se libérer de son problème.
Le parent appelle, prend rendez-vous et explique ce qui se passe pour son enfant, en quoi c’est un problème et pourquoi il imagine que l’hypnose pourrait peut-être les aider
En tant que praticiens en hypnose, nous sommes souvent contactés en dernier recours avec l’idée que peut-être, l’hypnose permettrait de débloquer un truc qui n’a pas pu l’être jusqu’à présent.
Et je le comprends tout à fait ! Souvent associée à quelque chose d’un peu magique, qui travaille sur ces parties de nous qu’on ne contrôle pas, l’hypnose serait LA solution qui permet de retrouver de la sérénité dans la vie de famille. La médiatisation de cet « outil » thérapeutique y est probablement pour beaucoup.
Et puis, avouons-le, quand un truc nous dérange, on aimerait tous trouver un truc un peu facile qui nous permettrait de changer sans que ce soit trop éprouvant psychiquement.
Les parents n’échappent pas à cette règle. A nous de les accueillir dans ce qu’ils vivent au quotidien et ce qu’ils ressentent.
Dans ce contexte, même si le parent nous donne le « motif » officiel du rendez-vous, il est urgent de prendre le temps de le rencontrer. Mais pas juste le rencontrer 5 minutes, échanger avec le parent, se focaliser sur le problème et, une fois le parent en salle d’attente partir bille en tête en mode « alors qu’est ce que tu veux toi ? »
Il est urgent de le Rencontrer avec un grand « R » et ce, quel que soit le problème.
Oui quel que soit le problème.
Partir de qui est cet enfant
Prendre le temps de s’intéresser à cet enfant/ado,
- à ce qu’il aime,
- à sa manière de fonctionner,
- aux mots qu’il emploie,
- à la vitesse à laquelle il les prononce,
- à son niveau de vocabulaire,
- aux micro-expressions qui passent en fonction de ce qu’on dit ou ce qu’on fait,
- …
Parce que là déjà, il y a une mine d’infos qui passent et qui vont nous permettre d’adapter au cordeau les propositions qu’on va lui faire.
L’engagement, clé de la réussite?
La semaine dernière il y a 2 rendez-vous que j’ai eus avec des enfants du même âge quasiment (7 et 8 ans).
Il y avait une telle différence dans leur « engagement » que j’ai eu envie de le partager parce que c’est si essentiel de partir de là !
La première, appelons-là Lina, venait me voir pour la 3ème fois. A la base, une demande de la maman et de Lina de pouvoir dormir dans sa chambre sans avoir peur de se lever seule la nuit.
Les deux première séances, Lina est engagée, a envie que ça change et rentre complètement dans ce que je lui propose. Elle est curieuse et a envie de tester plein de trucs et elle « s’engage » (vis à vis d’elle) à tester le soir même d’aller jouer seule dans sa chambre (ce qu’elle a du mal à faire également).
Et puis Les vacances de Noël passent et je la revois la semaine dernière. Sauf que ce soir-là, Lina montre que finalement, ça l’embête oui de ne pas pouvoir rester seule mais plus tant que ça au final.
En revanche le discours et la posture de la maman ont changé.
Elle est à bout, Lina a testé en effet et a pu rester dans sa chambre (ce que Lina souhaitait) mais elle continue de se lever la nuit et réveille sa maman parfois même juste « parce qu’elle a envie qu’on lui gratte le dos ».
Le problème est devenu plus fort pour la maman que pour Lina, et ça change la donne.
Je vous passe les détails de la suite mais j’ai réajusté mon axe de travail pour accompagner avec la maman à mettre en place un système de jokers avec sa fille pour que Lina reprenne la responsabilité de ce qui se passe pour elle et qu’elle choisisse de réveiller sa maman uniquement à des moments vraiment importants ou nécessaires pour elle. Le gros du boulot maintenant passe du côté des parents qui devront tenir ce cadre pour en saisir les effets.
Et puis à l’inverse, cette même semaine, je reçois un petit garçon du même âge (8 ans) (appelons-le Cédric).
Cédric m’explique lui-même qu’il a développé des tics depuis quelques semaines et qu’il en a marre, que ça le gène. Je perçois une présence forte de ce petit garçon que je sens très concerné par son problème cette fois-ci.
Je crois que cette séance est une des plus chouettes que j’aie eu l’occasion de faire jusque-là.
En travaillant à plusieurs niveaux, avec les sous modalités, une négociation entre parties avec ses mains qui se rapprochent toute seules au fil d’une réorganisation psychique intérieure et un travail avec signaling (des mouvements automatiques de parties du corps (ici ses doigts) qui bougent en fonction des questions qui sont posées et qui traduisent le fonctionnement inconscient de l’enfant), l’engagement de Cédric dans la séance a été puissant et j’ai envie de dire magique ?
Ces deux séances dans la même semaine m’ont vraiment marquée de par la différence d’engagement entre Cédric et Lina. Pas question de se dire que l’un a « fait » mieux que l’autre car il ne s’agit pas de ça mais de repérer quand le problème n’est plus celui de l’enfant, comment le problème évolue et de quelle manière la place de celui-ci évolue au fil du temps.
Que vous soyez praticiens ou parents, une question à toujours se poser pour savoir si on est toujours au bon endroit :
« pour qui est ce véritablement un problème » ?
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